Jouer avec le budget en éducation — quel impact pour les élèves HDAA ? 

Au mois de juin dernier, le gouvernement a annoncé une coupure budgétaire de 570 millions de dollars en éducation, prenant par surprise les administrations des établissements scolaires du Québec ayant déjà commencé à calculer et planifier le budget et les dépenses pour l’année 2025 – 2026.

En juillet, après la circulation d’une pétition signée par plus de 157 000 personnes, le gouvernement est revenu sur ses pas et a annoncé que 540 millions seront remis dans l’éducation, mais seulement pour des services aux élèves. Cela signifie qu’il y aura moins, ou pas de budget pour du matériel scolaire, pour des réparations et d’autres dépenses, car il n’est pas encore clair comment les nouveaux règlements de ce budget seront appliqués. Des questions se posent également en ce qui concerne l’embauche des personnes offrant des services aux élèves, et s’il restera assez d’argent pour continuer à mettre en place les activités et services de l’an dernier. Gardez à l’esprit : cela représente tout de même 30 millions de dollars de moins que prévu initialement. 

Ce qui est certain, c’est que cette histoire est déstabilisante. Les budgets sont au cœur des décisions dans les écoles, et une année scolaire de dix mois représente peu de temps pour mettre en place et offrir des services aux élèves ou pour démarrer de nouveaux projets, surtout lorsque l’embauche de nouveau personnel n’est pas une option. Parmi les problématiques pérennes de notre système scolaire, la pénurie d’enseignants a le plus grand impact sur les élèves. Jouer avec le budget comme le gouvernement vient de le faire ne fait qu’augmenter la pression sur un système qui craque à tous les niveaux. 

Les élèves en situation de handicap en première ligne des conséquences 

Pour les élèves en situation de handicap ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (HDAA), les enjeux budgétaires prennent encore plus d’ampleur. L’instabilité du personnel enseignant et de soutien et l’incertitude au niveau budgétaire ont un impact direct sur les élèves rencontrant des difficultés.  

Mettre en place un plan d’intervention, bâtir des relations et des routines avec les enfants et tisser des liens avec les parents sont des choses qui prennent du temps. Le changement continuel du personnel dû à la pénurie ainsi que d’autres problématiques, telles qu’un système de sélection d’emploi basé strictement sur l’ancienneté, créent un climat d’instabilité.  

Ce manque de stabilité pour les élèves rencontrant des difficultés rend la vie scolaire encore plus complexe et risque d’avoir des impacts non négligeables sur leurs parcours, tels que des retards scolaires accumulés se faisant ressentir jusqu’aux études postsecondaires.   

Repenser le système avant de couper dans le budget  

Mais comment régler les problèmes flagrants qui persistent dans notre système d’éducation ? Des problèmes comme la pénurie d’enseignants, des besoins d’élèves qui ne cessent d’augmenter, des problèmes comme ceux que nous avons vu avec l’histoire de l’école Bedford et tellement d’autres. Comment faire pour s’adapter à une société du 21e siècle en changement, où le besoin de complètement repenser notre système d’éducation semble cogner depuis des années à nos portes ?   

Ce ne sont pas des problèmes qui se régleront tout de suite. C’est une situation très complexe qui nécessite de la réflexion et du temps afin de prendre des décisions éclairées. Imposer des coupures budgétaires surprises ne fait que déstabiliser un système déjà en péril. C’est un facteur d’insécurité et une source de méfiance envers le gouvernement, qui ne contribue en rien à résoudre les problèmes qui pèsent sur le personnel, les parents, et les jeunes.