Le jour du Souvenir, une pédagogie pour la paix

Au-delà d’une occasion de rendre hommage à tous ceux qui ont risqué ou sacrifié leur vie pour protéger et défendre la nation, cette journée est une invitation à souligner et réfléchir aux idéaux pour lesquels tant de personnes se sont battues.

Cette journée nous invite aussi à réfléchir à la manière dont ces idéaux se transposent aujourd’hui dans le domaine de l’éducation, en ce qui concerne les pratiques d’équité et d’inclusion. À travers les ravages de la première guerre mondiale, nous pouvons souligner le dur travail d’enseignants anciens combattants qui, par leur expérience et volonté, ont vraisemblablement transformé la pédagogie telle que nous la connaissons.

Dans le contexte traumatique de l’après-guerre, d’anciens enseignants ont repensé leur rapport à l’éducation.
Ce courant, appelé Éducation nouvelle en France ou pédagogie alternative au Québec, imaginait l’éducation comme un moyen d’éviter de futures guerres en formant des générations futures à la paix, à la coopération et à la compréhension mutuelle.

De nombreux enseignants sont revenus du front avec des séquelles physiques et psychologiques importantes, affectant leur manière d’enseigner.

Ces difficultés ont suscité une réflexion sur la pédagogie elle-même et la nécessité de repenser l’accessibilité dans les établissements d’études, en tenant compte à la fois des besoins physiques et psychologiques des élèves et des enseignants eux-mêmes.  

Certains enseignants ont préconisé des salles de classe ouvertes, permettant une meilleure circulation et un aménagement de l’espace facilitant les déplacements. Dans les cas où l’architecture ne permettait pas de telles adaptations, ils privilégiaient parfois l’enseignement en extérieur, où les élèves et les enseignants pouvaient se déplacer librement à leur rythme et profiter de l’environnement naturel comme ressource éducative.

Les activités coopératives de groupe, comme le jardinage communautaire, n’étaient pas seulement des exercices pratiques, mais aussi des outils puissants pour apprendre à respecter les expériences et les contributions de chacun.

Des moyens d’expression variés, incluant l’image, l’écriture et l’imprimerie scolaire (introduite par Freinet), permettaient à chaque personne de s’exprimer de manière authentique, répondant ainsi aux besoins des élèves et enseignants rencontrant des difficultés d’expression orale ou écrite. 

Ces initiatives novatrices, 
marquées par une volonté de créer un environnement plus inclusif et coopératif, continuent  d’influencer les pratiques éducatives d’aujourd’hui.
Elles rappellent l’importance de concevoir des espaces et des approches pédagogiques qui respectent les différences individuelles et promeuvent l’égalité des chances.

En prenant le temps de nous rappeler l’héritage de ces penseurs, soulignons les idéaux de ceux qui ont combattu.

Leurs idées nous rappellent que l’éducation n’est pas seulement un ensemble de pratiques ou de méthodes, mais un projet de société, ancré dans des valeurs profondes de justice, d’inclusion, et de respect mutuel.

L’AQEIPS salue nos vétérans, leurs familles et proches-aidants, et tous ceux qui continuent à s’engager chaque jour pour un monde plus équitable et inclusif pour toutes et tous.


Saint-Fuscien, E. (2017). Célestin Freinet. Un pédagogue en guerres 1914-1945. Perrin. https://doi.org/10.3917/perri.saint.2017.01